Aujourd'hui se déroulait au Stade de la Beaujoire de Nantes (35 000 places) la dernière journée de la poule D de la coupe du monde de rugby de 2023 en France opposant le Japon (12ème nation mondiale) à l'Argentine (9ème). Dans ce 1/8ème de finale annoncé entre les deux équipes, les Pumas prenaient rapidement le dessus par le centre Santiago Chocobares qui échappait aux plaquages de Ryoto Nakamura et de Lomano Lava Lemeki.
En souffrance, les nippons revenaient sur un exploit personnel du deuxième ligne Amato Fakatava après un coup de pied par-desus pour lui-même, rappelant ainsi qu'au niveau scolaire japonais il avait déjà évolué aux ailes.
Mais les argentins répondaient à nouveau par leur ailier Mateo Carreras qui profitait d'un ballon perdu par l'arrière Kotaro Matsushima dans les airs. Sur certainement l'un des très rares belles séquences de jeu du Japon, Dylan Riley fixait et passait le ballon sur offload à l'ailier Siosaia Fifita qui perçait et après un crochet envoyait le 1/2 de mêlée Naoto Saito à l'essai. Sans briller, les Brave Blossoms restaient dans le match à la pause (14 à 15).
Les hommes de Jamie Joseph mettaient plus de rythme en seconde période face à une équipe argentine très fébrile. Mais ces derniers manquaient de réalisme et encaissent un nouvel essai de Mateo Carreras. Face aux fautes de mains et à l'indiscipline argentine, les nippons réduisaient l'écart par une pénalité de l'ouvreur Rikiya Matsuda puis par un superbe drop de l'arrière Lomano Lava Lemeki.
Mais la défense en bois de la ligne arrière japonaise permettait aux Pumas de recreuser l'écart à nouveau par l'essai du centre Emiliano Boffelli. Les rouges et blancs n'abandonnaient pas et profitaient des nombreuses fautes de mains argentines pour assiéger le camp adverse. Mais le centre Dylan Riley, très mauvais durant tout ce mondial, gardait le ballon au lieu de jouer un trois contre un qui allait à l'essai. Ce n'était que parti remise avant l'essai en coin de l'ailier entrant Jone Naikabula.
Malheureusement, Mateo Carreras se baladait à nouveau dans la défense japonaise pour inscrire son hat trick après avoir laissé sur place Ryoto Nakamura, Dylan Riley et Lomano Lava Lemeki. L'ouvreur entrant Nicolas Sanchez passait la pénalité qui assurait la victoire des siens. Au terme d'un match plaisant mais très pauvre techniquement, le Japon s'incline en toute logique contre l'Argentine sur le score de 27 à 39.
Face à une équipe des Pumas qui était très faible et prenable, les Brave Blossoms n'ont pas réalisé une grande performance malgré un scénario qui laisserait le penser. S'il est vrai que les japonais se sont appuyés sur une conquête solide, l'animation de jeu a été trop pauvre sur le plan technique, en particulier chez la ligne arrière avec des passes dignes de maçons.
Que de mauvais choix chez les 3/4 nippons qui auront montré des limites dans l'intelligence de jeu, comme Dylan Riley sur ce surnombre en coin. Le coup de pied inversé de Naoto Saito et l'exploit personnel d'Amato Fakatava auront été l'arbre qui a caché la forêt.
Les nippons auront été dominés, en réalisant près de 200 plaquages tentés et en s'en remettant à un Kazuki Himeno énorme une fois encore avec un 100% en plaquages (21/21). Ce dernier aura été le meilleur joueur du Japon durant ce mondial de rugby.
Défensivement, les arrières japonais auront été à la rue et coupables sur tous les essais argentins. Ils auront été aussi battus sur tous les duels aériens, un véritable fiasco durant cette compétition. Le seul joueur au niveau derrière aujourd'hui aura été Naoto Saito.
Incapables de savoir mieux exploiter les nombreux ballons perdus par les argentins (15!), limités dans l'animation de jeu et catastrophiques en défense, les Brave Blossoms ont laissé passer leur chance de battre cette très mauvaise équipe d'Argentine et de se qualifier pour les 1/4 de finale. L'écart de niveau avec le Japon de 2019 est terrible à constater...
Les japonais sont désormais éliminés de la coupe du monde de rugby mais sont qualifiés directement pour le mondial de rugby de 2027 en Australie grâce à leur troisième place après le succès très difficile hier de l'Angleterre face aux Samao (18 à 17).
Le mandat du sélectionneur Jamie Joseph se termine et son bilan est très médiocre. Dans une poule D, certainement la plus faible dans ce tournoi, le Japon n'a même pas réussi se qualifier pour les phases finales. Le technicien néo-zélandais a changé de vision en 2021 pour donner un aspect plus défensif à son équipe.
Il a ainsi dénaturé le style de jeu traditionnel japonais, laissant au passage tous les meilleurs joueurs nippons au pays, en particulier pour la ligne arrière (Yamasawa, Tamura, Tatekawa, Kajimura, Nakano, Kida, Nezuka, Ozaki, Noguchi, etc...).
C'est un fiasco pour Jamie Joseph dont la JRFU s'était saignée pour le prolonger en 2019, faisant passer son salaire annuel de 330 000 euros à 830 000 euros. Une nouvelle page va s'ouvrir à présent dès 2024 avec un nouveau sélectionneur. Le sud-africain Frans Ludeke, champion en titre de League One avec Tokyo-Bay, fait parti des favoris.
Japon 27-39 Argentine
MOM: Mateo Carreras (Argentine)
Stade de la Beaujoire (33 624 spectateurs)
Pour le Japon:
3 essais de: Amato Fakatava (16'), Naoto Saito (38') et Jone Naikabula (65')
3 transformations de: Rikiya Matsuda (17', 39', 67')
1 pénalité de: Rikiya Matsuda (52')
1 drop de: Lomano Lava Lemeki (56')
1 carton jaune: Lappies Labuschagne (23')
Pour l'Argentine:
5 essais: Santiago Chocobares (2'), Mateo Carreras (28', 46', 68') et Emiliano Boffelli (58')
4 transformations de: Emiliano Boffelli (2', 47', 60') et Nicolas Sanchez (70')
2 pénalités de: Emiliano Boffelli (35') et Nicolas Sanchez (75')